Malgré les avancées continues de la recherche contre le cancer, la chirurgie reste la seule option disponible pour traiter efficacement les tumeurs solides, à condition que ces dernières soient localisées. Les métastases représentent la principale cause de mortalité par cancer et, à ce jour, aucune thérapie systémique n’est capable d’empêcher leur apparition. L’hétérogénéité intratumorale, qui se traduit par la formation de multiples sous-groupes de cellules cancéreuses différentes, est la principale cause de cette mortalité. En effet, notre arsenal thérapeutique actuel n’est pas adapté à cette hétérogénéité et contribue inévitablement à sélectionner les cellules les plus résistantes. Ces dernières sont principalement sélectionnées sur base de leur capacité à transformer l’environnement (stroma tumoral) en leur faveur, pour bénéficier notamment de ressources énergétiques indispensables. Classiquement, le stroma tumoral est décrit comme une structure constituée de fibroblastes, de cellules endothéliales, et de cellules immunitaires telles que les macrophages. Parmi ces différents types cellulaires, les fibroblastes, en particulier ceux associés au cancer (CAF, Cancer Associated Fibroblasts), représentent une source de production importante de facteurs de croissance, de protéines de la matrice extracellulaire, de molécules immuno-suppressives et de substrats énergétiques. Néanmoins, le caractère pro-oncogénique de ces CAF n’est pas le fruit du hasard ; il s’acquiert au fur et a mesure que la tumeur se développe. En effet, initialement, les fibroblastes « naïfs » du stroma présentent une activité anti-tumorale, et l’incapacité des cellules cancéreuses a « transformer » ces derniers devrait, en théorie, empêcher tout développement de la tumeur. Pourtant, de nombreuses études soutiennent aujourd’hui que cette activité anti-tumorale du stroma persiste au sein des tumeurs solides. En effet, lorsqu’elles parviennent à reprogrammer les CAF, les cellules cancéreuses sont capables de co-évoluer avec ces derniers et deviennent résistantes à la plupart des traitements disponibles. A l’heure actuelle, les mécanismes employés par ces cellules agressives pour outrepasser la résistance initiale des fibroblastes et permettre leur reprogrammation en CAF restent largement méconnus.
Responsable : Andreï Turtoi Institut de Recherche en |
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